Cerveau : mythes et fausses croyances

Cerveau : mythes et fausses croyances

J’ai entendu de nombreuses fois, que ça soit autour de moi ou dans la bouche d’élèves : « On n’utilise que 10 % des capacités de notre cerveau. » Eh bien non ! Pour mieux comprendre pourquoi l’un de ces mythes sur le cerveau est faux, il est important de reprendre quelques données. Notre cerveau est composé de différentes parties illustrées sur le schéma ci-dessous.

Schéma des principales zones du cerveau

Il grandit jusqu’à l’âge adulte. A notre naissance, il pèse l’équivalent de 23 % de son poids final, soit une moyenne de 1,4 kg une fois sa croissance terminée. Sa consommation en énergie est conséquente : 20 % de celle consommée par le corps. Et il contient 85 milliards de neurones, et autres types de cellules que nous reverrons. Celui-ci est constitué de beaucoup d’eau, mais aussi de gras. Tout en étant protégé de « l’extérieur » par ces barrières que représentent l’eau et la graisse ainsi que l’os, il possède également une barrière « sang-cerveau » qui le protège des attaques toxiques venant directement de l’organisme. Autre idée reçue, nos neurones ne meurent pas avant nous (sauf en cas de maladies). Les neurones d’un centenaire ont par conséquent un siècle. De plus, ceux-ci se renouvellent tout au long de notre vie. On appelle cette production de nouveaux neurones, la neurogénèse. Elle a lieu essentiellement dans l’hippocampe.

Schéma de la localisation de l’hippocampe. Lieu de la neurogénèse.

Cette neurogénèse peut augmenter avec l’apprentissage, comme elle peut fortement diminuer dans le cas de stress (voir l’article « Quand le stress nous envahit ») ou avec l’âge.

Des messages nerveux électriques sont transmis via les neurones, en passant par leur partie appelée axones, pour déboucher à leur extrémité, les terminaisons nerveuses, qui leur permettent de se relier entre eux et de transformer ce message électrique en message chimique (neurotransmetteur).

Schéma d’un neurone.

Certains neurones peuvent dépasser 1 mètre de long, notamment ceux partant de la moelle épinière et arrivant à l’extrémité du pied. Chaque neurone effectue plusieurs milliers de connections avec ses voisins. On retrouve également plusieurs milliers de types de neurones : tous n’ont pas encore été clairement identifiés.

Cependant notre cerveau n’est pas constitué que de ce seul type de cellules. Il y a aussi les cellules gliales ou glie. Nous en possédons plus de 100 milliards. Leur proportion est variable selon les zones de notre cerveau. Cette glie est aussi ce que l’on appelle plus communément la substance blanche (55 % du volume de notre cerveau), en contradiction avec la matière grise ou substance grise qui désigne le corps même du neurone et sa terminaison.

Schéma des zones de substance grise et blanche

Cette proportion dans le cerveau des populations de neurones et de cellules gliales est variable selon l’espèce. En fonction de l’évolution phylogénétique (soit l’évolution selon les liens de parenté entre espèces), le pourcentage cellules gliales / neurones augmente. Par exemple, chez le ver de terre, on retrouve six fois plus de neurones que de cellules gliales que chez la mouche, le rat et l’Homme où on a un ratio glie / neurones de 20, 60 et 120 fois supérieur. Attention, cela ne signifie pas que l’Homme a des facultés intellectuelles supérieures !

Parmi les cellules gliales, deux types de cellules sont bien connues et étudiées : les astrocytes et oligodendrocytes.

Les oligodendrocytes sont des cellules qui produisent les gaines de myéline qui elles-mêmes entourent les axones des neurones. Cette gaine de myéline permet « d’accélérer » la transmission du message neuronal sous forme électrique.

Schéma d’un neurone avec oligodendrocytes apparents

Les astrocytes remplissent différentes fonctions. Ils assurent la fourniture en énergie des neurones et participent à la communication entre cellules nerveuses. Ils contrôlent la formation de liaisons entre neurones et ont un rôle dans nos comportements.

Schéma d’un astrocyte

Autre acteur important qui n’est pas une cellule, les capillaires sanguins présents dans notre cerveau. Ils apportent nourriture, oxygène et permettent l’évacuation des déchets. Ils ont également un rôle de barrière qui protège des infections et des microbes.

Il y a donc une étroite collaboration entre les neurones assurant la transmission du message nerveux, les vaisseaux sanguins apportant le ravitaillement et jouant les éboueurs et les astrocytes qui coordonnent leurs relations.

Schéma de la collaboration d’un astrocyte, vaisseau sanguin et neurone.

D’où provient donc le mythe le plus connu sur notre cerveau à savoir que nous n’utiliserions que 10 % de ses capacités ?  Il a été initié par le psychologue William James qui a énoncé dans The Energies of Men que « nous utilisons seulement une petite partie de nos possibles ressources mentales et physiques ». Il est vrai que lorsque notre cerveau est en action toutes les régions ne se déclenchent pas simultanément. Toutefois, par des techniques d’imagerie, il a été démontré que nous l’utilisons bien à 100 %.  Cependant ces 90 % et 10 % ne sont pas pour autant inventés. Il s’agit en réalité des proportions de nos types de cellules présentes. Nous avons ainsi 10 % de neurones et 90 % de cellules gliales servant au soutien des neurones.

La neurobiologie est une discipline en pleine expansion, notamment avec l’étude du développement du cerveau chez les petits animaux pour palier par exemple des maladies telles que Alzheimer.

Il est donc important, comme dans toutes les disciplines, de correctement s’informer et surtout croiser les sources afin d’éviter de croire et de propager des mythes scientifiques !

Sources :

1.Agid, Y. & Fan, X. L’autre moitié du cerveau : les cellules gliales. Med Sci (Paris) 35, 199–200 (2019).

2.Epelbaum, J. Voyage extraordinaire au centre du cerveau : Jean-Didier Vincent. Extraordinary journey in the center of the brain (2008) doi:10.1051/medsci/2008242213.

3.Gilgenkrantz, H. Notre cerveau - Un voyage scientifique et artistique des cellules aux émotions (Hervé Chneiweiss). Med Sci (Paris) 36, 169–169 (2020).

4.Lemasson, M. & Lledo, P.-M. Le cerveau adulte : un perpétuel chantier ! M/S. Médecine sciences [ISSN papier : 0767-0974 ; ISSN numérique : 1958-5381], 2003, Vol. 19, N° 6-7; p. 664-666 (2003) doi:10.1051/medsci/20031967664.

5.Mandressi, R. Le cerveau et ses représentations dans la première modernité (XVIe-XVIIe siècles) - Représentation en sciences du vivant (4). Med Sci (Paris) 27, 89–93 (2011).

6.Ask the doctor: 10% brain myth - Harvard Health. https://www.health.harvard.edu/mind-and-mood/10-brain-myth.

7.L’homme glial : une révolution dans les sciences du cerveau. France Culture https://www.franceculture.fr/oeuvre/lhomme-glial-une-revolution-dans-les-sciences-du-cerveau.

8.Le grand Atlas du cerveau | Éditions Glénat. https://www.glenat.com/reference/le-grand-atlas-du-cerveau-9782344031537.



 

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24 octobre 2020
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