Diabète gestationnel : Un risque pendant la grossesse
Cette forme de diabète ne dure en général que le temps de la grossesse, mais elle peut avoir des conséquences si elle n’est pas bien suivie. Heureusement, une prise en charge simple et efficace existe.
Quand on parle de grossesse, on pense souvent aux nausées, aux échographies ou aux envies alimentaires farfelues… Mais pour certaines futures mamans, une autre expression s’invite : diabète gestationnel. Ce n’est ni une maladie rare, ni une "erreur" de la future maman. Environ 10 % des femmes enceintes dans le monde sont concernées (16,4% des femmes enceintes en France en 2021). Il touche plus souvent celles qui ont des antécédents familiaux de diabète, un surpoids, ou qui attendent un bébé après 35 ans. Mais il peut également arriver sans facteur de risque.
Quand le corps résiste à l’insuline
Le diabète gestationnel est une élévation du taux de sucre dans le sang (glycémie) qui survient pendant la grossesse, généralement au deuxième ou troisième trimestre. Normalement, quand l’insuline frappe à la porte des cellules, elles lui ouvrent pour faire entrer le sucre. Ce mécanisme repose sur une cascade de réactions très précises dans nos cellules. Mais pendant la grossesse, une pièce de cette cascade — une protéine appelée IRS1 — est moins présente, ce qui complique un peu les choses. Résultat : le sucre reste plus longtemps dans le sang. Pendant la grossesse, une des protéines clés qui aide l’insuline à agir est moins présente. Donc même sans diabète, la glycémie a tendance à monter plus facilement. En plus de ce phénomène, chez la femme enceinte atteinte de diabète gestationnel, la cascade de départ ne se produit pas correctement, provoquant ainsi une résistance à l’insuline. Cet effet s’explique par l’action de certaines hormones de la grossesse qui empêchent l’action de l’insuline. Les hyperglycémies et hypoglycémies sont bien souvent inévitables en cas de diabète gestationnel, car les besoins en insuline varient au cours de la grossesse sous l’effet des hormones et du développement du bébé.
Quels sont les risques concrets ?
L’apparition d’un diabète gestationnel chez la mère entraîne une grossesse plus surveillée et parfois plus fatigante. Il peut y avoir un risque accru de prééclampsie (une pathologie qui a pour conséquence une hypertension et la présence anormale de protéines dans les urines), d’accouchement par césarienne si le bébé est trop gros et, à plus long terme, un risque plus élevé de développer un diabète de type 2 dans les années qui suivent.
Pour le bébé, sans traitement, un excès de sucre dans le sang peut avoir des conséquences. Il peut devenir trop gros (ce qu’on appelle "macrosomie"), il peut faire une hypoglycémie juste après la naissance et il pourrait, plus tard, avoir un risque plus élevé d’obésité ou de diabète (mais ce n’est pas systématique). La bonne nouvelle, c’est qu’avec un suivi adapté et régulier, tous ces risques peuvent être fortement réduits, voire évités.
Comment le détecter ?
Un dépistage du diabète gestationnel se fait entre la 24e et la 28e semaine de grossesse, parfois plus tôt si la femme présente des facteurs de risque. Deux types de tests peuvent être proposés : une prise de sang à jeun, ou des mesures de glycémies après hyperglycémie provoquée par voie orale (HGPO), qui consiste à administrer une solution sucrée très concentrée afin de provoquer une hyperglycémie.
En 2023, une étude a montré que le diabète gestationnel était associé à une modification du microbiote intestinal dès le premier trimestre, soit avant l’établissement de la grande majorité des diagnostics. Ainsi, l’avenir des tests de dépistage pourrait reposer sur l’étude des modifications du microbiote intestinal. Les recherches à ce sujet doivent se poursuivre afin de déterminer si ces modifications sont une conséquence ou une cause du diabète gestationnel.
Des mesures simples et efficaces
Recevoir un diagnostic de diabète gestationnel peut faire peur, mais il est important de se rappeler que ce n’est pas une maladie chronique. Dans la plupart des cas, tout revient à la normale après l’accouchement. Les principales mesures à mettre en place sont des mesures hygiéno-diététiques. En premier lieu, il faut adapter son alimentation, sans régime strict, mais en apprenant à équilibrer ses repas, à limiter les sucres rapides, et à favoriser les aliments à index glycémique bas. En plus de cela, bouger régulièrement est nécessaire. Qu’il s’agisse de marche, de yoga prénatal ou de natation douce, l’activité physique aide à réguler la glycémie et la grossesse n’empêche pas de bouger (sauf contre-indication médicale). En parallèle, il faudra surveiller la glycémie à domicile avec un petit lecteur. Dans certains cas, environ 20 à 30 %, ces mesures ne suffisent pas. Des injections d’insuline sont alors nécessaires. Mais elles sont temporaires, et bien évidemment sans danger pour le bébé à naître.
Depuis quelques années, la prise en charge du diabète gestationnel s’est beaucoup améliorée. De nombreuses recherches et synthèses de recherches sont publiées chaque année permettant une meilleure compréhension des risques et enjeux. Les professionnels de santé sont mieux formés, et les patientes mieux informées. Par ailleurs, les technologies actuelles ont permis le développement d’applications et objets connectés qui offrent la possibilité de suivre sa glycémie facilement et d’optimiser la gestion de son diabète (ces outils permettent le suivi du diabète gestationnel mais pas seulement). L’Etat français a d’ailleurs adopté début septembre 2024 le remboursement de la télésurveillance du diabète gestationnel via des plateformes web dédiées. Par ailleurs, les équipes médicales adoptent également une approche plus bienveillante, pour accompagner sans culpabiliser.
Et après l’accouchement ?
Nul besoin de s’inquiéter outre mesure, dans 90 à 95 % des cas, le diabète gestationnel disparaît après l’accouchement. Mais il ne faut pas oublier la suite à savoir qu’une prise de sang de contrôle est recommandée environ 6 à 12 semaines après la naissance. Et ensuite, un suivi régulier tous les 1 à 3 ans, car le risque de diabète de type 2 reste un peu plus élevé. Mais le plus souvent, de simples habitudes de vie (alimentation, activité physique) peuvent grandement diminuer ce risque.
Le diabète gestationnel n’est jamais une partie de plaisir, mais il ne doit pas gâcher la grossesse. Bien détecté, bien suivi et bien accompagné, il n’empêche pas de vivre une grossesse épanouissante et de donner naissance à un bébé en pleine santé. Grâce aux progrès de la médecine, le diabète gestationnel n’est plus une fatalité. Il peut même devenir une parenthèse de vigilance, au service de la santé de la mère comme du bébé. Parce qu’aucune grossesse ne devrait être un combat solitaire, mais un chemin accompagné.
Sources
- A Vambergue et al. Physiopathologie du diabète gestationnel. J Gynecol Obstet Biol Reprod. 2021.
- T. Meykieche et al. Le diabète gestationnel : diagnostic et prise en charge. 2023
- Yshai Pinto et al. Gestational diabetes is driven by microbiota-induced inflammation months before diagnosis. Gut Microbiota. 2023
- Journal officiel électronique authentifié n° 0199 du 22/08/2024
- https://www.ameli.fr/isere/assure/sante/devenir-parent/grossesse/difficultes-et-maladies-pendant-la-grossesse/diabete-gestationnel/traitement-suivi-femme-enceinte-bebe
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