Le SOPK, si fréquent mais si peu connu

Le SOPK, si fréquent mais si peu connu

Le syndrome des ovaires polykystiques est la première cause d’infertilité chez les femmes en âge de procréer. Et cela concerne actuellement une femme sur dix. Cette pathologie encore mal diagnostiquée condamne nombre de femmes à l’errance médicale.

 


Le terme SOPK, ou syndrome de Stein et Leventhal, a emprunté son nom à ces deux gynécologues dans les années 1830. Le diagnostic reposait sur l’observation de ce qui semblait être des kystes au niveau des ovaires. Or il s’agissait en fait d’une multitude de follicules de taille importante s’agglutinant les uns sur les autres. En temps normal, les femmes possèdent plusieurs follicules à des stades de développement différents, mais pas un amas en forte croissance sans expulsion de ceux-ci.

SOPK est un syndrome lié à un dysfonctionnement endocrinien : cela signifie qu’il y a un problème au niveau de la régulation hormonale. C’est aussi une pathologie dite multifactorielle, donc liée à des facteurs génétiques, environnementaux et épigénétiques.

 


Comprendre le cycle féminin avant tout

Pour parler SOPK, il est avant tout nécessaire de rappeler comment fonctionne le cycle chez la femme. Son cycle dure environ 30 jours. On compte comme premier jour celui des règles ou menstruations. Jusqu’au 14e jour, on parle de période pré-ovulatoire, par la suite un follicule mature est expulsé d’un des ovaires. Cela devient un ovocyte, c’est l’ovulation. C’est alors la période post-ovulatoire jusqu’au cycle prochain. Un ovocyte survit de 12 à 24 heures. On ne parle d’ovule que lorsqu’il y a fécondation avec un spermatozoïde.

Diagramme du cycle féminin

 

Nous disions plus tôt que SOPK était lié a des problèmes hormonaux. Quels sont donc les rôles des hormones dans ce cycle ? Dans des conditions normales, on retrouve l’hypothalamus, un élément présent dans notre cerveau qui va sécréter une hormone appelée GnRH (Gonadotropin-Releasing Hormone). Celle-ci va alors agir sur l’hypophyse (juste en dessous, semblable à des petits grains de raisin), qui à son tour va sécréter deux types d’hormones. La LH (hormone lutéinisante), elle permet la production de notre progestérone afin de préparer l’organisme à une grossesse. Elle se charge aussi de la régulation de la testostérone. La FSH (hormone folliculostimulante), quant à elle, permet la libération d’un ovocyte.


Schéma du parcours du message hormonal chez la femme

 

En résumé, lors du cycle on retrouve tout d’abord un niveau de FSH supérieur au LH, donc un niveau d’œstradiol plus élevé que la progestérone en début de cycle pour avoir un pic de LH au moment de l’ovulation et une chute de l’œstradiol. Dans la seconde phase, la progestérone prend le dessus avec à nouveau le FSH supérieur au LH. Puis cela recommence.




Schéma du cycle hormonal féminin

 


Que se passe-t-il lors d’un SOPK ?

Dans le cas d’un SOPK, la maturation des follicules au niveau des ovaires est bloquée par l’excès d’hormones androgènes, dont la testostérone. Les follicules restent immatures et s’accumulent. Il y a donc une inversion des rapports entre le FSH et le LH avec un fort taux d’hormones androgènes et une hyper insulinémie. C’est un trop plein de production d’insuline, ce qui à la longue peut provoquer une résistance à celle-ci, et empêcher son utilisation par l’organisme. En comparaison, à trop manger de chocolat, on n’en peut plus, et on fait une « overdose ».

D’autre symptômes sont en lien avec ce déséquilibre hormonal. Attention, ceux-ci ne se retrouvent pas de la même façon ni au même degré chez les patientes atteintes de SOPK.

Certaines peuvent souffrir  d’une forte acné, d’autres de troubles émotionnels, de fatigue, de troubles digestifs, d’une infertilité, de troubles du poids, d’un aspect des ovaires multifolliculaires, d’une insulino résistance, de stress élevé, de troubles ovulatoires, d’alopécie (perte de cheveux), ainsi que d’hirsutisme (cheveux et poils plus drus et apparents dans les zones masculines).


Illustration des symptômes de SOPK (extrait du livre Mieux vivre avec le SOPK au naturel, de Hannah Livage)

 

A long terme cette pathologie peut augmenter le risque de différents syndromes tels que le surpoids, l’hyperpression artérielle, les troubles de la glycémie. Et également une augmentation des risques de développer des maladies cardiovasculaires et des cancers de l’endomètre.

 


L’origine du SOPK

On peut se demander de façon très juste ce ce qui peut causer autant de symptômes. Il y a donc le facteur génétique. Les chercheurs n’ont pas trouvé de gènes spécifiques de SOPK. Cependant, selon certaines études, il aurait été identifié plus de 20 gènes que l’on retrouverait chez les patientes atteintes. Mais pas de « gènes spécial SOPK » à proprement parler. On retrouve toutefois une transmission du syndrome de la mère à la fille de l’ordre de 60 à 70 %. C’est une pathologie héréditaire.

Autre paramètre génétique à prendre en compte selon les chercheurs, l’épigénétique (voir Notre impact sur nos gènes). Il s’agit de l’activation ou désactivation de gènes en fonction de différents paramètres (alimentation, âge, style de vie). L’épigénétique est réversible contrairement aux altérations génétiques. Elle se transmet de génération en génération.

Enfin, l’environnement. Dans cette pathologie, les perturbateurs endocriniens sont pointés du doigt. Aucune étude n’a cependant encore pu étayer de façon précise cette hypothèse.

 


Où en est la recherche ?

Le SOPK étant un syndrome lié à des anomalies hormonales, le diagnostic se fait par un contrôle hormonal, une échographie pour visualiser l’aspect multifolliculaire des ovaires, mais aussi l’observation de caractères physiques liés aux symptômes (hirsutisme, obésité, acné…).

Plusieurs traitements sont actuellement disponibles afin de les atténuer. Il s’agit de traitements médicamenteux comme certaines pilules contraceptives afin de « rééquilibrer » la balance hormonale. Il existe aussi des molécules pour contrer le fort taux d’hormones androgènes (acétate cyprotérone). Une perte de poids ainsi qu’un mode de vie et une alimentation équilibrée sont également recommandés pour diminuer les symptômes et réduire la résistance à l’insuline.

Dans le cas d’un désir de grossesse, il existe plusieurs méthodes reposant notamment sur la stimulation de l’ovulation par le citrate de clomifène. La PMA (procréation médicalement assistée) avant une intervention chirurgicale peut être envisagée.

Les publications sur le SOPK sont récentes et encore peu nombreuses. Cependant on peut observer une légère évolution dans l’identification des symptômes et la forte recommandation des chercheurs à avoir recours à des soignants de différentes spécialités pour établir le diagnostic (sage-femme, infirmier, médecin et pharmacien).

Actuellement des études sont réalisées sur des modèles animaux (souris), ce qui a permis d’observer un lien entre la surproduction d’une hormone, AMH (hormone antimüllérienne), chez la mère lors de la grossesse, ce qui empêcherait par la suite la conversion de la testostérone en œstradiol chez l’enfant.

 

 



Références :

1.  Leon, L. I. R., Anastasopoulou, C. & Mayrin, J. V. Polycystic Ovarian Disease. StatPearls [Internet] (StatPearls Publishing, 2021).

2.  Livage, H. Mieux vivre avec le SPOK. (First, 2022).

3.  Rasquin Leon, L. I., Anastasopoulou, C. & Mayrin, J. V. Polycystic Ovarian Disease. in StatPearls (StatPearls Publishing, 2022).

4.  Witchel, S. F., Oberfield, S. E. & Peña, A. S. Polycystic Ovary Syndrome: Pathophysiology, Presentation, and Treatment With Emphasis on Adolescent Girls. J Endocr Soc 3, 1545–1573 (2019).

5.  Syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) ⋅ Inserm, La science pour la santé. Inserm https://www.inserm.fr/dossier/syndrome-ovaires-polykystiques-sopk/.

6.  Transmission du SOPK de mère en fille : l’épigénétique en cause ⋅ Inserm, La science pour la santé. Inserm https://www.inserm.fr/actualite/transmission-sopk-mere-en-fille-epigenetique-en-cause/.


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