Les insectes des morts le retour

Les insectes des morts le retour

Nous avons vu dans le précédent article Les insectes des morts que la famille des Diptères occupait une place importante et bien connue dans le processus de datation des personnes décédées.

Les Diptères sont des nécrophages, c’est-à-dire qu’ils se nourrissent de cadavres. Au sens étymologique du terme, Diptère en grec correspond à Di pour deux et pteron pour aile. Ils sont caractérisés par une seule paire d’ailes antérieures (à l’avant), les postérieures étant réduites à des moignons appelés balanciers. 90 % des insectes possèdent deux paires d’ailes.

Schéma scientifique : vue dorsale de Lucilia sericata (Diptère).

Ils ont un développement que l’on dit de type Holométabole, cela signifie qu’il se divise en quatre étapes. On retrouve l’œuf, la larve, la nymphe lors de l’étape de la pupe et l’adulte ou imago.

Schéma de cycle de vie d’un Diptère

Chaque espèce de Diptères a des temps de développement distincts et des moments de colonisation du corps différents en raison de l’environnement où se trouve le corps et de la température. Certains Diptères nécrophages sont des dominants au cours des premiers stades de décomposition. Ces informations prises en compte permettent aux experts de mieux évaluer la date de la mort et le stade de décomposition.

Le Diptère est un insecte qui mue. Afin de grandir et atteindre le stade adulte, l’individu va quitter son ancienne cuticule, son squelette externe, pour mieux changer de morphologie et aborder une nouvelle cuticule.

Les œufs sont pondus au niveau des blessures et des orifices naturels, comme les trous de nez, les oreilles, l’anus… S’ensuit le stade larvaire, le plus court, qui dure une quinzaine d’heures. Les larves vont chercher à pénétrer sous la peau pour être protégées et mieux se nourrir. Le deuxième stade larvaire dure quelques heures supplémentaires, alors que le troisième se prolonge quelques jours. La vitesse de développement des Diptères dépend de la température ambiante, et du corps et de l’environnement. Plus il fait chaud et plus le développement sera rapide, jusqu’à une certaine limite. Chaque espèce possède une plage de température de développement spécifique : lorsque les larves sont assez « matures » et qu’elles atteignent le stade que l’on appelle prépulpes. Elles vont alors quitter le corps pour s’enterrer dans le sol et se métamorphoser en adulte.

Afin de déterminer le nombre de jours pour atteindre l’état adulte pour une espèce de Diptères, il existe une équation selon Marchenko.

J : correspond au nombre de jours pour atteindre l’état adulte.

c : La constante du cycle complet. Ce qui correspond à la somme des degrés accumulés par jour.

T : La température prise en compte en degrés Celsius.

x : le seuil thermique. En dessous de ce seuil de température, l’espèce ne se développera pas.

Exemple : Si on retrouve une larve à une température moyenne de 18 °C de l’espèce Phormia regina on effectue le calcul suivant :

Chaque espèce possède des caractères physiques qui lui sont propres (caractères phénotypiques). Ces caractères permettent d’identifier une espèce, Diptères ou non, à l’aide de ce que l’on appelle une clé d’identification que l’on retrouve dans des livres de taxonomie.

Un autre moyen d’identification des espèces est possible. L’identification génétique qui est réalisée à l’aide d’un séquençage. On effectue un « prélèvement » de l’ADN se situant dans la mitochondrie (voir l’article Ce bel héritage de nos mères) pour ensuite regarder des régions de l’ADN bien spécifiques, qui nous permettront d’identifier l’espèce. L’avantage majeur de cette technique est qu’il est réalisable avec tout stade évolutif de l’insecte à identifier, mais aussi s’il est entier ou en fragments. De plus, le matériel exigé pour ce type de manipulation est relativement simple.

L’entomologie médico-légale fournit de précieuses indications sur l’estimation de l’intervalle de la mort de l’individu, les causes et circonstances du décès. On comprend donc l’importance des Diptères lors de ce processus de datation, ce qui fait d’eux une classe d’insectes primordiale dans cette étude. C’est pourquoi une analyse (exemple : étude du développement) approfondie en laboratoire des individus retrouvés sur le corps est nécessaire.


Sources :

1.     Berget, 1855.

2.     Dorothy E. Gennard, Forensic Entomology, Wiley-Blackwell, 2007.

3.     Georges P. Yovanovitch, Entomologie appliquée à la médecine légale. Librairie Ollier-Henry, 1888.

4.     Greenberg & Kunich, 2002.

5.     J.- P. Mégnin, La faune des cadavres : application de l'entomologie à la médecine légale. Encyclopédie scientifique des aide-mémoire, Masson et Gauthier-Villars, Paris, 1894.

6.     Szpila K. et al. Chrysomya albiceps (Wiedemenn, 1819), a forensically important blowfy (Diptera: Calliphoridae) new for the Polish fauna. Polish Journal of Entomolgy. 2008

7.     Wyss & Cherix, 2006.

 



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24 octobre 2020
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