On laisse toujours une trace

On laisse toujours une trace

Nos empreintes digitales se forment durant nos premières semaines de développement et restent inchangées jusqu’à la fin de notre vie. David Hepburn est le premier à comprendre leur rôle dans la manutention d’objets. La surface de la peau de contact est pourvue d’une texture particulière pour accroître les frictions entre l’épiderme et les surfaces touchées. C’est ce qui nous permet d’agripper les objets, sans quoi, ils nous glisseraient des mains.

Elles étaient auparavant utilisées pour signer des documents importants. On en retrouve des traces sur des documents datant de l’Egypte ancienne (3000 av. JC). Mais depuis environ 140 ans les empreintes digitales sont utilisées sur les scènes de crime pour identifier les criminels et les appréhender.


Une empreinte digitale, qu’est-ce que c’est ?

La peau est un organe essentiel du corps humain (le plus gros à vrai dire). Les mains et la plante des pieds présentent des plis appelés crêtes papillaires. Une cellule papillaire est constituée d’une glande sécrétrice (sébacée ou sudoripare) avec un pore en sortie (c’est par là que sort la transpiration).


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Coupe de la peau avec les glandes sécrétrices, une crête et un pore


Toutes ces crêtes se plient et se replient formant un dessin occupant la pulpe du doigt. C’est ce dessin que l’on nomme la fameuse empreinte digitale.


Les dessins digitaux

Il existe 4 modèles principaux de figures sur les empreintes digitales :


Représentation des 4 modèles d’empreintes (Lee H.C. and Gaensslen R.E., Advances in fingerprint technology, 2nd ed., CRC Press, 2001, 415p.)  


Les arcs : les lignes papillaires deviennent de plus en plus courbées au milieu, il n’y a pas de triangle (que l’on appelle delta).

Les tentes : le dessin est presque le même que les arcs mais on y trouve en son centre un delta fermé ou non.

Les boucles : les crêtes se replient et forment une boucle plus ou moins redressée avec à sa base un delta.

Les verticilles : Autour d’un îlot ou une petite crête se forment des cercles concentriques, la figure possède un delta de chaque côté.

On appelle minuties ces figures particulières qui permettent de reconnaître l’empreinte d’un individu.


Représentation d'une empreinte et ses minuties (Didier Guillerm, Portail d’information sur la biométrie [en ligne]. (1990, mise à jour le 26/06/2020), Disponible sur : <https://www.biometrie-online.net/technologies/empreintes-digitales> (Consulté le 02/10/2020).


Lorsque celui-ci transpire et saisit un objet, il y laisse ce qu’on appelle une trace latente (invisible à l’œil nu) composée d’eau principalement, d’acides aminés, d’acides gras, de glycérides, de protéines, etc.


Les techniques de révélation

Ces traces se révèlent par une multitude de techniques selon le support :


Les différentes techniques de révélation de 1880 à 1997


Parmi ces techniques, on retrouve l’une des plus connues et utilisées, la ninhydrine. Elle est utilisée depuis longtemps pour révéler les traces latentes sur les supports papier et agit sur les acides aminés. Voici comment s’écrit un acide aminé :

Structure chimique d'un acide aminé avec R représentant sa chaîne latérale (une bifurcation)


La ninhydrine réagit de manière optimale dans un milieu chauffé à 80 °C avec 65 % d’humidité.

Empreinte révélée par un bain de ninhydrine


Autre technique très utilisée sur les scènes de crime, le Superglue fuming. Dans une cabine de fumigation, une coupelle dans laquelle sont déposées 2/3 gouttes de cyanoacrylate (la colle) est placée avec des supports semi-poreux ou non poreux (verres, plastiques, métaux et bois vernis)et chauffée à 150 °C avec une humidité de 80 %. Le cyanoacrylate va se fixer sur les composés gras de la trace. Une polymérisation va s’initier (les petites molécules de cyanoacrylate vont se lier les unes aux autres) et donner une empreinte de couleur blanche.

Cabine de fumigation ventilée pour la révélation des empreintes


Empreintes révélées par fumigation de cyanoacrylate de gauche à droite sur feuille plastique transparente, sur métal et sur verre (Krellil, S., Henrot, D. & Ledroit, P. THE INFLUENCE OF CYANOACRYLATE FUMIGATION TEMPERATURE ON FINGERPRINT REVELATION. 2.)


Les empreintes digitales sont un outil pratique dans la vie de tous les jours sans que nous ne nous en rendions compte. Leur dessin est précis et unique ce qui a permis d’appréhender beaucoup de criminels jusqu’à aujourd’hui. Mais ces techniques ont leurs limites en réalité, puisque la police scientifique n’arrive encore aujourd’hui qu’à développer 20 % des traces présentes sur la scène de crime. De plus, certains criminels n’hésitent pas à altérer leur dessin digital ou bien à effacer leurs traces. Ceci explique, depuis quelques décennies, la montée en puissance des analyses ADN qui sont impossibles à falsifier.



Références :

1. Archer N., Mountfort K., Jickells S. (2005), The chemistry of latent fingerprints, King’s College, London.

2. C. Champod et al., Fingerprints and Other Ridge Skin Impressions, CRC Press, 2004, 275p.

3. Fingerprint Source Book, London : Home Office, 2012, 503p.

4. Galton F., Fingerprint directories, London : Macmillan and Co., 1895, 136p.

5. Lee H.C. and Gaensslen R.E., Advances in fingerprint technology, 2nd ed., CRC Press, 2001, 415p.

6. Pichard J., Hebrard J., Chilliard P., Un moyen simple d’identification : l’empreinte digitale, Biom. Hum. et Anthropol. 2004, 22, 1-2, p. 33-40.

7. Alez PC, GBR Criminalistique, Catalogue PTS [en ligne]. (créé en 2019) Disponible sur : <https://www.gbr-criminalistique.com/> Consulté le 01/10/2020.

8. Villy Isabelle, Un cambrioleur a été confondu par son empreinte digitale, relevée sur les lieux d'un vol par effraction, au Havre (19 février 2016)[Illustration Fotolia] In: actu.fr Disponible sur:<https://actu.fr/normandie/le-havre_76351/le-jeune-cambrioleur-confondu-au-havre-par-son-empreinte-digitale_652085.html> Consulté le 14/11/2020.

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