Quand les parasites prennent le contrôle, les zombies paraissent

Quand les parasites prennent le contrôle, les zombies paraissent

Les parasites s’invitent régulièrement dans la culture pop, à travers les films, les séries ou les jeux vidéo. Mais saviez-vous que certains de ces parasites sont véritablement capables de transformer leur hôte en zombie ?


Un parasite est un être qui vit aux dépens de son hôte, sans le détruire. Il a besoin de lui pour survivre. Et pour cela, il détourne sa machinerie cellulaire. Il peut prendre de multiples formes, tailles ou encore espèces vivantes, tels que des virus, vers, végétaux ou encore champignons. Le parasitisme est une interaction biologique entre deux êtres vivants où l’un des deux vit totalement aux dépens de l’autre, comme le ver solitaire qui s’installe dans les intestins humains et peut mesurer jusqu’à 20 mètres. Cela s’oppose à la symbiose, où chacun tire profit de la situation, tel que la mycorhize entre un champignon et les racines d’arbres.  


Cycle de vie d’un parasite


Pour survivre, un parasite a besoin d’un ou plusieurs hôtes. Il va les utiliser pour grandir, se nourrir et se reproduire. Il existe deux types de cycle de vie de parasite : le cycle monoxène et le cycle hétéroxène. Le monoxène est lorsqu’un parasite grandit et se reproduit dans le même hôte. Il peut parfois faire une transition dans le milieu extérieur.



Schéma cycle monoxène. Les parasites infestants vont soit directement infecter d’autres individus hôtes par contact entre eux deux par exemple, soit d’abord être relâchés dans le milieu extérieur avant d’aller infecter de nouveaux individus hôtes.



Dans ces cycles directs, les parasites sont tout de suite ce qu’on appelle « infestants », c’est-à-dire capables d’infecter un individu. Dans les cycles indirects, ou hétéroxènes, les parasites passent dans plusieurs hôtes. Ils grandissent dans un ou plusieurs hôtes intermédiaires pour atteindre une forme infestante avant de passer à l’hôte définitif dans lequel ils vont pouvoir se reproduire.


Schéma cycle hétéroxène. Les parasites vont se reproduire dans l’hôte définitif avant de relâcher dans le milieu extérieur de jeunes parasites non-infestants qui vont s’introduire dans l’hôte intermédiaire. Au sortir de celui-ci, les parasites sont adultes et prêts à infecter leur hôte définitif pour se reproduire.



Conséquences du détournement 


Certains parasites passent inaperçus auprès de leur hôte, voire sont bénéfiques pour eux. Pour d’autres, ils ont de graves conséquences sur les organismes et peuvent rendre les hôtes particulièrement malades. La parasitose est l’ensemble des maladies dues à des parasites. On peut citer en exemple le paludisme, responsable de 608 000 décès dans le monde en 2022 d’après l’OMS. Il se transmet à l’homme par le moustique et les symptômes sont la fièvre, des maux de tête, des vomissements et un affaiblissement. Cependant, certains parasites ne font pas que grandir ou se reproduire dans leurs hôtes. Ils hackent carrément leur système nerveux et modifient leur personnalité, parfois jusqu’à les transformer en zombie.


Les hôtes intermédiaires devenus zombies


Il existe certains parasites qui modifient la personnalité de leur hôte. Ils hackent leur système nerveux et les transforment en sortes de zombie, l’organisme continue de vivre uniquement pour faire survivre le parasite. Leucochloridium paradoxum est un ver plat qui infeste les escargots. Il se loge dans ses antennes et va en changer la structure et la couleur pour les rendre plus visibles de l’hôte définitif : les oiseaux. L’objectif de ce changement d’aspect est de faire ressembler les antennes à des chenilles afin de les duper. Le parasite se retrouve alors dans l’estomac de l’oiseau et va pouvoir se reproduire avant d’être disséminé dans ses excréments.



Escargot infecté par Leucochloridium paradoxum (source : Wikimedia commons)


Comme deuxième exemple, prenons le parasite qui a inspiré le jeu vidéo puis la série The Last of Us : le champignon cordyceps. Il existe de nombreux cordyceps différents. Ici, nous nous intéressons à celui qui infecte les fourmis. Ce parasite, de son nom scientifique Ophiocordyceps unilateralis, les force à aller en haut d’une feuille pour que le champignon pousse depuis son crâne tout en la dévorant, afin de libérer ses spores et ainsi se disperser et infecter de nouvelles fourmis.



Fourmi infectée par Ophiocordyceps unilateralis (source : Wikimedia commons)


Mais comment ces parasites transforment ces êtres vivants en zombie ? Il existe de nombreuses façons : par implantation dans le cerveau, par injection de venin, manipulation génétique ou encore sécrétion chimique. Le parasite peut se situer à l’extérieur de l’hôte, à l’intérieur de son corps ou bien à l’intérieur même de son cerveau. Il existe autant de manipulations possibles que de parasites manipulateurs. Et de par la taille des génomes particulièrement grands, il est très complexe de déterminer précisément quel gène est responsable de la manipulation.


Le fanatisme pour les chats


Mais pas d’inquiétude, il n’existe pas de parasite capable de modifier le comportement humain de la sorte. Enfin pour le moment… En effet, il existe tout de même Toxoplasma gondii, responsable de la toxoplasmose. On estime que plus de 50 % de la population française est porteuse de ce parasite. Elle peut cependant avoir de graves conséquences lors d’une grossesse sur le fœtus ou chez les immunodéprimés. Plusieurs espèces sont les hôtes intermédiaires, dont l’humain, et le chat est l’hôte définitif. Il a été démontré que T. gondii modifiait au niveau de l’amygdale des souris (un autre hôte intermédiaire), la répulsion que celles-ci avaient pour l’urine de chat. Ce qui les pousse à courir vers leur prédateur et augmenter le risque de se faire dévorer et donc de propager le parasite. Quelques études préliminaires tendraient à démontrer que ces mêmes effets se retrouveraient chez l’homme, ce qui pourrait expliquer le fanatisme de certains humains envers leur félin, bien qu’il n’y ait pour le moment aucune certitude.


Bientôt de véritables zombies humains ?


Une peur bien ancrée chez l’humain, notamment en raison de la pop culture, est le fait que des parasites tels que le cordyceps puissent s’adapter aux humains. Les spécialistes se veulent rassurants, le champignon a déjà du mal à le faire pour passer d’une espèce de fourmi à une autre, alors faire un saut d’espèce pour s’adapter génétiquement aux humains, cela relève de l’impossible. Cependant, le changement climatique pousse les parasites à constamment s’acclimater à leur environnement, il est possible que des adaptations à d’autres espèces puissent avoir lieu dans plusieurs milliers d’années. Pour le moment, cordyceps est étudié dans une perspective pharmaceutique. En effet, il sécrète un métabolite qui serait antibactérien, antivirus, anticancer… Une voie positive qui ouvre des espérances pour la santé humaine. 



Sources : 


  1. Kathryn Knight. How pernicious parasites turn victims into zombies. Journal of experimental biology. 2013.
  2. Guillaume Bagnolini. La parasite, de l’hôte mimétique à l’inquiétante familiarité. Episemocritique. 2018.
  3. Alex Mckenna. Ophiocordyceps unilateralis : the zombie ant fungus. Biol421 @UNBC – Insect, fungi and society. 2017.
  4. David. P. Hughes, Frederic Libersat. Parasite manipulation of host behaviour. Current biology. 2019.
  5. Robert Poulin. Parasite manipulation of host personality and behavioural syndromes. Journal of experimental biology. 2013.
  6. Thomas Desmettre. Toxoplasmose et modification du comportement humain. Journal français d’ophtalmologie. 2020.
  7. https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=http%3A%2F%2Fcampus.cerimes.fr%2Fparasitologie%2Fenseignement%2Fgeneralite%2Fsite%2Fhtml%2F4.html#federation=archive.wikiwix.com&tab=url 
  8. https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/paludisme#:~:text=Le%20paludisme%20est%20une%20maladie,en%20moins%20sensibles%20aux%20insecticides.
  9. https://www.inserm.fr/actualite/toxoplasmose-le-parasite-revele-ses-secrets/
  10. https://lejournal.cnrs.fr/nos-blogs/aux-frontieres-du-cerveau/limage-de-la-semaine-toxoplasma-gondii-manipulateur-de-notre


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5 m
29 janvier 2025
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